Nozay pendant la guerre


Premier jour d'août 1914, la mobilisation générale est décrétée. Cela paraît tellement incongru sous le soleil et la chaleur ! Mais la guerre sera courte !

« On va leurs faire leurs fêtes à ses boches, dans une semaine, on sera à Berlin ! »

Pourtant, fin-août, c'est la sidération, effroi au vu des neufs Nozéens tués à la guerre dès la fin du mois d'août.

 

Et pendant 1547 longs jours, Nozay va vivre, au rythme des combats, dans l'appréhension de la mauvaise nouvelle, la mort d'un mari, d'un fils, ou d'un père.

 

Photo: mutilés de guerre en réinsertion à l'école de Grand-Jouan

 

Mutilés de guerre en réinsertion à l'école de Grand Jouan
Mutilés de guerre en réinsertion à l'école de Grand Jouan


LA LONGUE LITANIE DES NOZEENS TUES AUX COMBATS


La vie locale

La municipalité de 1914 a comme maire, Alexis Létourneau-père, en place depuis 14 ans déjà. Elle doit prendre en charge toutes les démarches ou actions liées à la guerre et pallier l'absence des 900 nozéens, qui, au fil de la guerre, vont servir l'armée. Toutes les activités tournent au ralenti. Les marchés ou les foires voient peu de monde avec beaucoup moins de marchands présents. Au fur et à mesure des années qui passent, seuls les adolescents et les hommes de plus de 50 ans s'activent dans les champs ou dans le bourg ; aidés par les femmes. Les fonctionnaires, les instituteurs qui sont au front, ne sont qu'en partie remplacés par des retraités ou par des femmes. Certaines activités, comme l'extraction des carrières sont presqu'à l’arrêt, avant-guerre, 300 personnes participaient à cette activité. Comme d'autres commerçants, le tailleur Francis Letort constate que suite à ses clients mobilisés, son activité régresse fortement. Les soldats blessés et souvent mutilés reviennent progressivement du front et retrouvent difficilement une place. La population locale participe à l'effort de guerre et donne son or lors de la collecte qui rapporte plus de 300 000 franc-or. Souvent, les paysans, lors de vente d'animaux, reversent une partie de cette recette pour soutenir les combattants.128 réfugiés seront accueillis à Nozay dont la plupart dans leurs familles.


LES TRANSPORTS ET LE CHEMIN DE FER

La circulation routière qui était en pleine expansion, en ce début de 20ème siècle, est profondément impactée par les restrictions et les rationnements de l'essence, principalement en 1917 et 1918. A Nozay, le carburant est réservé en priorité au médecin (docteur Monnier) et aux militaires. Les chevaux sont réquisitionnés par l’armée, d'abord pour être présents sur le front puis ensuite, uniquement en arrière, pour servir la logistique. Les bœufs font leur retour comme bêtes de somme. La gare connait une importante activité comme gare de voyageurs (réfugiés, appelés ou blessés revenus de guerre) mais aussi comme gare de marchandise (grains, bestiaux emmenés vers le front pour nourrir les soldats).

 En 1917, la voie ferrée passant à Nozay, soit la ligne entre Saint Nazaire et Paris, via Laval, est profondément rénovée par l'armée américaine afin de transporter soldats et matériel vers le front.

 

C'est par l'intermédiaire des troupes américaines qu'arrivera, des Etats-Unis, le virus de la grippe espagnole qui va faire de très nombreuses victimes dans les derniers mois de la guerre.


LES PRÊTRES ET LES RELIGIEUX LOCAUX PENDANT LA GUERRE

En ce début du 20ème siècle, la religion catholique imprègne fortement la société nozéenne et nombre de familles compte une fille ou une sœur religieuse proches des combats ou servant dans les hôpitaux militaires ainsi qu'un fils ou un frère, prêtres appelés sous les drapeaux. Certains comme Henri Lembezat seront blessés, d'autres comme Jean Deluen trouveront la mort. L'abbé Ricordel, prêtre en exercice à la paroisse est mobilisé au service de santé des armés. Les obsèques, toutes religieuses, cimentent la population dans une même douleur et un même besoin de protection. Les processions à la chapelle de Limerdin ou au chêne de la Vierge à Rouans se succèdent et les messes quotidiennes sont très suivies. Le clergé local est très respecté et très populaire. La religion catholique ressort très renforcée de cette guerre.

 

 

Image de missel en souvenir de Jean Deluen, jeune prêtre Nozéen tué en 1917



LE CENTRE DE RÉINSERTION DE GRAND-JOUAN.

En 1916, l’Etat utilise les écoles d’agriculture et de commerce relevant de son autorité pour accueillir les blessés de guerre afin de leur assurer une rééducation professionnelle et un retour à la vie civile.

 

A Grand Jouan, le 6 janvier 1916 une section de rééducation est créée par le ministère de l’Agriculture et propose un enseignement théorique et pratique gratuit pour les mutilés de la guerre (mécaniciens ruraux).

La Commission de Secours aux Blessés insiste dans sa publicité sur les avantages qui sont offerts dans cette période où la main-d’œuvre fait défaut particulièrement à la campagne. La pension est gratuite. Dans des courriers échangés avec le directeur Mr Montoux, il est noté l’importance d’apprendre aux élèves la conduite de machines-outils à vapeur ou électriques. Le temps de formation est évalué de trois à six mois.

 

En février 1916, douze mutilés sont inscrits dans cette section dont neuf du département de la Loire-Inférieure. Les blessures indiquées sont principalement des amputations des membres supérieures et inférieures.   

 

Dans un courrier bilan rédigé par Mr Montoux adressé à la Commission, l’efficacité des activités enseignées est estimée en fonction du handicap et de la réussite du travail.

 

 

L’Ecole ferme définitivement en novembre 1918.  Les trente serbes mutilés qui y résidaient vont se trouver dispersés dans différents centres de rééducation (Indre et Loire, Gers, Haute Garonne, Charente et Cantal)



NOVEMBRE 1918, ARMISTICE, ENFIN !

Citations à l'ordre du régiment du sergent Pierre Bizeul.

« Tout aussitôt, on arbore les drapeaux, les maisons et les rues sont pavoisées. Et le soir après un carillon des plus impressionnants, à cette heure un peu nocturne, la retraite aux flambeaux s'organise, dans la joie et l’allégresse générale, et parcourt les rues de notre petite cité Nozéenne, tambours et clairon en-tête, voir même la grosse caisse ! »

 

Ce texte est extrait du bulletin paroissial de Nozay de décembre 1918.

 

 

 

 

« Novembre 1918, après la triste sonnerie du clairon militaire, sonne, enfin, la joyeuse musique des clairons des fêtes organisées à l’annonce de l’Armistice » 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



LES SOURCESLes graphiques (Asphan), Le livre "Les enfants du Pays Nantais et le XI corps d'armée" par Emile Gabory, Daniel Nouvel (cartes postales), Jean Bouteiller (ouvrage « Joseph Bouteiller raconté par son petit-fils »), bulletins paroissiaux de Nozay (1914 à 1918), Solange Dugast (documents, photos), Thérèse Bizeul ( document Bizeul), Archives Départementales de L.A. (photos)

 

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