L'auberge de l’Épée royale / Hôtel de la Poste / La Pierre Bleue

Découvrez l'histoire de la bâtisse de l'actuel Restaurant de la Pierre bleue à Nozay, autrefois Auberge de l'épée royale puis relais de poste. Près de 250 ans d'histoire sont visités en une quinzaine de dates clés entre 1782 et aujourd'hui.

 

Des textes d'archives, petites annonces, plans et photographies anciennes racontent la vie des établissements successifs, les mariages, les transmissions et ventes de l'auberge. Vous apprendrez par exemple qu'en 1844, les 8 chevaux du relais de Poste s'appelaient Rosette, la Grosse noire, la Borgne rouge, la Borgne, la Vieille, Mimi, le Poulain et Chasse Vent.

 

C'est le fruit d'un an de recherches de M. Jean-Yves Passalacqua, bénévole à l'ASPHAN, aux archives de Loire atlantique.

 

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1782 : Le 4 août, un décès inattendu à l'Auberge de l’Épée Royale (Ad 44, registres paroissiaux,Nozay)

 

 

1790 : René Flem, aubergiste, trois valets et deux servantes (Ad 44,Capitation 1790).

Il s'est marié le 27 avril 1786 avec Louise Boulay (La Meilleraye-de-Bretagne). Il meurt en 1791. Sa veuve est considérée comme aubergiste à son remariage à Nozay, le 16 octobre 1804 (24 vendémiaire an 12) avec Jean Michel Hus qui décède «en sa demeure proche les halles» le 29 avril 1810, considéré comme «aubergiste».

 

1811: Parcelles où se situe cette auberge (Ad 44, État des parcelles cadastrales) :

M 561 : jardin de 16,90 ares / M 562 : auberge et écurie de 6,77 ares / M 563 : cour de 3,24 ares.

 

Extrait cadastre section M, 1811

 

 

1824 et 1825 : Annonce publiée une vingtaine de fois en 1824 et 1825 dans la feuille commerciale. Le revenu annuel au cours des différentes publications est évalué à une moyenne comprise entre 2 000 francs et 2 500 francs.

 

 

1829 : Mme Hus représentante des enfants Flem et Hus, vend le 19 octobre à Jacques Mary (1793- 1852) et Jeanne Bréger, son épouse (1803-1887), les deux maisons, l'auberge de l’épée Royale et la maison voisine dite la  [Rolazetterie] pour 16 000 francs. (notaire Poullain à Nozay).

L'auberge de l’Épée Royale est décrite sommairement : plusieurs pièces au rez-de-chaussée, chambres hautes, caves, greniers, cour, jardin entouré de ses haies, remise, écuries, étables. La maison voisine n'est pas décrite. On retrouve, comme dans l'annonce, plusieurs pièces (douze), les écuries pour loger de quatre-vingts à cent chevaux, les étables à vaches. Les deux prairies ne sont pas mentionnées en tant que tel.

Le paiement se fera après le décès de Mme Hus en espèces métalliques ou en quantité de blé froment de première qualité. Cette vente est confirmée par le cadastre : Veuve Hus à Nozay (case 821): mutation datée de 1831 pour les parcelles M 561, 562, 563 (jardin, maison, écurie et cour). Mme Hus décède le 28 novembre 1829 à Nozay.

 

 

1836 : Le recensement de cette année mentionne Pierre Mary, aubergiste et Jeanne Bréger, son épouse (décédée le 25 février 1887 à 83 ans), leurs trois enfants, Pierre, Émilie et Victorine ainsi que cinq domestiques. Apparition de François Boulay, boulanger, et de son épouse Virginie Aillet (voir ci-dessous).

 

1844 : M. Toussaint Heureux, maître de poste et messagiste cède son brevet de maître de poste à M. Mary et à son épouse, maîtres d'hôtel et entrepreneurs de voitures publiques. Il décrit les huit chevaux qu'il vend : Rosette, la Grosse noire, la Borgne rouge, la Borgne, la Vieille, Mimi, le Poulain et Chasse Vent. Il précise qu'il remplacera les chevaux qui pourraient périr d'ici la nomination comme maître poste de M. Mary excepté Rosette. Il vend aussi sept harnais de poste. Ceci expliquerait la raison pour laquelle cet hôtel est connu sous le nom de hôtel de la Poste.

 

Mr Toussaint Heureux s'engage à ne pas concurrencer ce relais et à ne pas vendre ses voitures entre Nort et Derval. Pour cet achat de 18 000 francs, M. Mary hypothèque entre autre l'hôtel de l’épée occupée par M. et Mme Mary ainsi que M. Boulay, boulanger. La deuxième maison mentionnée en 1829 serait-elle celle qui est louée à M. Boulay ? (notaire Blanchard, Nozay, le 19 juin 1844, Ad 44).

 

Plan d'alignement de la RN 137. Traversée de Nozay 30 août 1847

 

Jusqu'à son décès à l'âge de 60 ans le 18 octobre 1852, Pierre Jacques Mary est inscrit comme maître de poste ou hôtelier dans les recensements. Il emploie un nombre varié de domestiques de six à douze, signe d'une certaine vitalité de son entreprise. (Déclaration à Nozay le 7 mars 1853 et donation Bréger notaire Boulay à Vay le 22 mai 1876).

 

> Enfants issus de ce mariage (génération 2) :
Jules Jacques né le 12 /10/1823 décédé le ? (non identifié) / Pierre Jacques né le 18 octobre 1824, décédé le 4 décembre 1875 / Amélie Sidonie née le 12 décembre 1825, décédée le 29 avril 1908, célibataire / Victoire Louise le 10 juillet 1828, décédée le 10 septembre 1843 (ne rentre pas en ligne de compte dans les héritages concernés.)

 

> Enfants issus du mariage de Pierre Jacques Mary et Jeanne Marie Batard (génération 3) :

Fernand Pierre Mary( 17/2/1859-1914), avoué à Nantes et son épouse Zélia Lafontaine (1859-1911). Présence de Louis Barbier, maître d'hôtel à sa naissance.

Constant Louis Mary (25/5/ 1860- avril 1927 à Nantes rue Marceau), notaire à Nozay et son épouse Ernestine Sophie Lafuie (1862-?). Présence de Louis Barbier, maître d'hôtel à sa naissance.

Emile Félix Mary(17/12/1861-?), négociant à Saint-Nazaire, célibataire / Présence de Louis Barbier, maître d'hôtel à sa naissance.

Jeanne Amélie Joséphine dite Jenny Mary (7/12/1866- 30/3/1894) à Nozay et son mari, Jean Baptiste Joseph Marie Abgrall (1864-1910).

Jeanne Zoé Louise Mary (13/4/1865-25/5/1865) : ne rentre pas en ligne de compte dans les héritages.

 

L'hôtel est repris par Pierre Jacques Mary et son épouse, Jeanne Marie Batard. Lui est maître poste (preuves indirectes par une participation en 1858 au comice de Châteaubriant où il remporte une médaille d'argent, par sa participation à un jury d'assises en 1861 et par son inscription au recensement de 1866). Les recensements signalent différents noms de maîtres d'hôtel rue Rollard comme ceux de Louis Barbier en 1861, Pierre Radigois en 1866 ? On peut supposer qu'ils travaillent à l'auberge de l’Épée Royale car preuve indirecte possible : Louis Barbier est le beau frère de Jeanne Bréger dont il a épousé la sœur Renée Marie. Il est témoin à la mairie pour la naissance des trois premiers enfants du couple Pierre Mary et Jeanne Batard ainsi que témoin pour la naissance de la fille de Constant Mary et Sophie Lafuie.

 

Acquisition d'une pièce d'eau en 1860 et de nouvelles parcelles : M 564 (écurie de 27 ares), M 565 (cour de 97 ares transformée en écurie en 1871) et M 569 (écurie de 18 ares). Une augmentation de construction en M 562 en 1874 (cour de 97 ares) est effectuée.

 

En 1873, l'institution des relais de poste est supprimée.

Le règlement de la succession de M. Pierre Mary, décédé le 4 décembre 1875, montre que par leur profession, les quatre héritiers de la troisième génération (notaire, négociant et avoué pour les garçons, sans précision pour la fille), gardent comme «gérant» le même couple de maître d'hôtel, Eugène Maucard et son épouse, recensés pour la première fois en 1872 et trois domestiques. Le couple travaillera au moins jusqu'en 1909 dans cet hôtel. Ceci explique le surnom de cet hôtel, l'hôtel Maucard. Si l'on suit les annuaires départementaux (1894 et suivants) et le jugement du tribunal civil de Paimbœuf en janvier 1908, Eugène Maucard était hôtelier et voiturier à Nozay mais, en même temps, hôtelier aux environs de Pornic et avait sa résidence à Paris!!!

 

En 1909, apparaît Henri Paillat, boulanger qui devient en 1910 maître d'hôtel. Il est remplacé par le couple Guicheteau Poiron en 1912 jusqu'en 1916. La difficulté est de connaître le statut de ces personnes : sont-elles employés et salariés ou alors gérants de l'hôtel ? L'annuaire reprend en 1923 et donne Guihard qui a acheté l'hôtel en 1922 à Guéry l'ayant lui-même acheté en 1919 à la famille Mary.

En conclusion de cette période, cette Auberge de l’Épée (hôtel de la Poste, hôtel Maucard) appartient à la famille Mary pendant près de 90 ans.

 

En 1919, la parcelle M 562 est partagée en trois parties distinctes : l'hôtel proprement dit, la boulangerie et une maison d’habitation.

 

Extrait plan aménagement place 1925 Am Nozay

 

1919 : le 17 avril ( Ad 44, Hypothèques)

Vendeurs : Jeanne Marie Batard veuve de Pierre Jacques Mary, usufruit. Constant Louis Mary et Ernestine Lafuie, nue propriété.

Acheteurs : Emile Gabriel Guéry et son épouse, Marie Louise Delaunay / boulanger habitant une portion de l'hôtel de la Poste comme locataires.

Ils achètent une maison d'habitation dite l'hôtel de la Poste ainsi que la portion qu'il occupent comme locataires.

> Description : Trois pièces au rdc donnant sur la route / un petit salon au milieu /une cuisine ouvrant sur la cour / cave au dessus / deux chambres au premier ouvrant sur la rue et trois sur la cour / une pièce au deuxième / un grenier.

Une cour au levant / une boulangerie, un four, un magasin à farine, un hangar, quatre écuries avec grenier, jardin sur 16 ares / Deux petites pièces d'eau.

 

1922 : le 24 février (Hypothèques)

Vendeurs : Emile Gabriel Joseph Guéry, boulanger, et Jeanne Marie Louise Delaunay son épouse.

Acheteurs : Jean Marie Guihard et Marie Jeanne Tétard, son épouse, maîtres d'hôtel.

Remariage de Jean Guihard avec Augustine Bricaud

> Description :

 

 

D'autres éléments sont aussi décrits (remise, écuries, jardin, un abreuvoir) avec des précisions de dimension, d'orientation et de situation. Les droits de passage sont précisés (accès permanent à la boulangerie, four, magasin à farine,etc). La communication entre le couloir du deuxième étage et l'autre partie sera bouchée à la première réquisition des vendeurs. Nombreuses obligations pour les acheteurs comme le tuyau d'évier à changer.

Quelques traces de l'activité hôtelière : une pièce servant de café et une autre d'estaminet au rdc. Quatre petites chambres et débarras au premier étage côté cour. Deux chambres mansardées côté rue au deuxième.

 

1946 : le 8 mars (Hypothèques)

Vendeurs : Bricaud, veuve Guihard

Acheteur : Lebreton Eugène, époux Bourdeau

Il achète une maison à usage de café-hôtel. Aucune mention de fonds de commerce.

Les enfants de M. et Mme Lebreton nous ont aimablement communiqué des souvenirs liés à cet hôtel.

Cela nous permet de voir cet ensemble avec les yeux des personnes qui y vont vécu et donne un peu plus de chaleur à une présentation d'un acte notarié. Voici leurs textes et leurs photos.

 

 

 

 

Vers 1950-1960

 

1973 : Le 30 juillet (notaire Mignen à Nozay, document prêté par la famille Lebreton)

Vente à M et Mme Raphaël Bretesche.

 

2024 : Le restaurant de la Pierre bleue a remplacé l'hôtel des Trois Marchands. On reconnaît bien les trois éléments de cet ensemble. En y allant, essayer de retrouver les traces du passé dans cet immeuble.

2024 : Maison d'habitation, restaurant et boulangerie

 

 

Tableau récapitulatif des propriétaires de 1788 à 1973

 

Dates

Nom des propriétaires

Type de transaction

Prix

Point de départ

Jean François Besnier et Marie Jeanne Guiodo, héritiers de Suzanne Piau

 

 

18/12/1788

Louise Boulay, Veuve Flem puis Veuve Hus

Achat

Acte notarié document manquant

19/10/1829

(4 E 65 38)

Jacques Mary et Jeanne Breger

Achat

16 000 francs

 

Pierre Mary et Jeanne Batard

héritage

 

 

Jeanne Batard et Constant Mary

héritage

 

17/04/1919

(2 Q 7585)

Emile Gabriel Joseph Guéry, Jeanne Marie Louise Delaunay

Achat aux consorts Mary

30 000 francs

24/02/1922

(2 Q 7688)

Jean Marie Guihard et Marie Jeanne Tétard

Remariage de Jean Guihard avec Augustine Bricaud

Achat à M. et Mme Guéry

15 000 francs

08/03/1946

(2 Q 18668)

 

Eugène Marie Lebreton époux Bourdeau

Achat aux héritiers des précédents propriétaires

500 000 francs

03/07/73

notaire Mignen

à Nozay

Raphaël Bretesche et

Arlette Bidet son épouse

Achat aux consorts Lebreton

150 000 francs (120 000 francs pour l'immeuble et 30 000 pour le fonds de commerce)

 

 

 

 

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