Présentation des propriétaires des moulins de Saffré

 

de la Révolution à 1950

Emplacement des moulins
Emplacement des moulins

                    Trois moulins à vent sont signalés à la Révolution : Le Grand Moulin, la Mortrais et la Praie.



Le Grand Moulin,

parcelle B 83 Révolution-1954, parcelle B 86 1842-1928 et parcelle E 896 1870-1939

 

     François Fouchard, premier propriétaire signalé dans les états des sections du cadastre (sans date) demeure à la Villatte (Nozay) où il a le bail du moulin à eau. Il est mentionné dans un acte de l'état civil de 1792 comme meunier demeurant au Grand Moulin de Saffré. Le 17 février 1810, il reconnaît devoir à Renée Plisson, veuve de Joseph Guy, demeurant à Trentemoult, la somme de 2 962,50 francs remboursable en 6 ans. Il hypothèque le Grand Moulin « avec ses ustensiles et son cerne, maison, écurie, grange, jardins, prés terres labourables et non labourables le tout leur appartenant » en faveur de Renée Plisson.1

 

     Le 20 décembre 1813, François Fouchard, demeurant au Moulin de Gaud (Fougeray) vend le Grand Moulin à Renée Plisson pour 3 300 francs ce qui correspond au prêt de 1810 avec les intérêts.2

 

     Le 5 décembre 1818, Renée Plisson revend à Jean Maillard. L'acte notarié est signé chez Me Henry, notaire à Vannes.3

 

Julien Praud acquiert le moulin le 11 novembre 1822 de Jean Maillard, meunier au Limousin (Vay) et Anne Gratesac son épouse pour 4 900 francs. Cette somme doit être payée le 25 décembre 1823.4

 

     Mais ce moulin est revendu par Julien Praud et Anne Durand son épouse moins de deux ans après son achat à Michel Craheix (ou Crahé), François Simon Craheix et son épouse Rose Françoise Moreau pour 3 100 francs le 26 janvier 1824.5 Ces acheteurs règlent à Jean Maillard cette somme qui lui était due par Julien Praud Une bonne affaire pour les deux frères, 1 100 francs de différence !

 

     En juillet 1827,François Craheix cède à son frère Michel ce moulin et ce qui en dépend. En échange, il devient propriétaire de tous les immeubles de son frère sur la commune d' Abbaretz.6

     Veuf en 1837, Michel se remarie avec Anne Simon en 1839 et est noté comme farinier au Grand Moulin jusqu'à son décès en 1847. Le Grand Moulin est noté comme non affermé et d'un revenu de 150 francs par an. Le moulin neuf non affermé rapporte 140 francs.

Ce doit être ce deuxième moulin construit en 1842.7

     En 1851, c'est son fils Michel époux Jeanne Bricaud qui est noté comme chef de ménage. Il est maire de cette commune de février 1896 à 1902 et chevalier du mérite agricole. Il réside toujours à cette date au Grand Moulin et y décède le 25 septembre 1902 à l'âge de 75 ans.

D'après le cadastre, c'est son fils Pierre puis ses deux petits-enfants Alexandre et Constance qui en sont les propriétaires avec leur mère Anne Bricaud, leur père Pierre étant décédé en 1898. Par le jeu des successions, le Grand Moulin appartient à Ernaud Rogatien veuf Craheix en 1946. La démolition du Grand Moulin est notée avant 1954.

 

     Sous le nom de Grand Moulin, trois éléments distincts ont existé aux 19° et 20° siècles : le Grand Moulin à vent proprement dit existait avant la Révolution (B 83), un deuxième moulin à vent construit en 1842 (B 86) et une minoterie construite en 1870 (E 896). Ces trois éléments étaient la propriété de la famille Craheix en commençant par Michel Craheix puis la deuxième génération ses deux fils Michel et Pierre suivi de la troisième génération Eugénie et Victor enfants de Michel et Alexandre et Constance enfants de Pierre.

 

     La démolition du moulin à vent est notée en 1928, la suppression de la minoterie en 1939 et le Grand Moulin est noté démoli entre 1943 et 1954.

 

Source Archives départementales 44 :

1: 4 E 12 199 / 2: 4 E 26 31 et 2 Q 1310 / 3: 4 E 66 22 / 4: 4 E 66 22 / 5: 3 Q 19 5 et 4 E 65 33 /

6: 4 E 65 36 / 7: 3 Q 19 322

 

 

Moulin à vent de la Mortraie, Révolution-1889, parcelle S 29,

     L'orthographe du nom est variable suivant les époques: Morterais, Mortais, Mortrais, Mortray et Mortraie ainsi qu'au cours du 19° siècle, moulin de La Motte.

     Mathurin Lecoq époux Jounel est le premier propriétaire identifié sur le cadastre de 1811.Ceci est confirmé du moins sa présence par l'acte de baptême de sa fille Anne née le 2 avril 1789 à la maison du Moulin Mortrais. L'acte de mariage d'Anne le 12 novembre 1812 précise que son père est farinier au Moulin Mortray.

     Un acte notarié 9 nous apprend que ce moulin est resté en indivision après les décès de Mathurin (1820) et Jeanne (1826) entre les héritiers jusqu'en octobre 1849, moment où le moulin entre autre est vendu par licitation, le nombre d'héritiers possibles étant important (au moins une dizaine). Jean Ferré époux Marie Jounel l'achète 2740 francs ( mise à prix 2500 francs).10 Si l'on suit les matrices cadastrales, à son décès le 14 mars 1867, son gendre Pierre Leparoux époux Anne Ferré prend la suite. Il décède le 15 juillet 1869. Son fils Pierre Marie Leparoux est indiqué comme propriétaire du moulin.

 

Le moulin est noté en ruines en 1889

 

Source Archives départementales 44 :

9: 4 E 66 44 / 10: 4 E 66 44

 

 

Moulin de La Praie , Révolution-1968, parcelle H 780 

 

                                                Cadastre 1811, Section H, parcelle 780
Cadastre 1811, Section H, parcelle 780

     

     Une première mention de ce moulin en février 1786 , mentionne Julien Bidaud et Jeanne Baudouin sa femme, comme farinier devant 60 boisseaux de blé seigle mesure de Nozay, au propriétaire du moulin, le seigneur de Saffré.11

 

     Un acte notarié du 27 fructidor an 10 ou 14 septembre 1802 12 nous apprend que Jacques Bidaud, meunier et Jeanne Baudouin son épouse résident au moulin de la Praie sans précision de leur statut propriétaire ou fermier.

 

     En 1811, d'après le cadastre, François Perrinel, farinier en est le nouveau propriétaire. Différents actes de l'état civil confirment cette présence: naissance à Saffré le 9 janvier 1810 de Marie ,fille de François Perrinel, meunier et Françoise Saliot; décès à Saffré le 9 avril 1812 de leur fille Françoise âgée de trois ans qui ne semble pas être née à Saffré; naissance à Saffré le 28 avril 1814 de leur fils François. Mais la naissance de Jeanne Marie le 8 août 1818 à Nort-sur-Erdre montre que les parents ont déménagé et vivent au village de Languin (Nort-sur-Erdre), proche du moulin de la Praie. Le père est toujours dit meunier. Il meurt le 3 mai 1820 à Mouzeil où il était ouvrier mineur.

 

 

     Si l'on suit les matrices cadastrales, le moulin passerait à ses héritiers qui revendraient vers 1847 à Pierre Gaultier, négociant à Nantes .Mais les actes notariés racontent une autre histoire 

     Le 29 juillet 1816, Joachim Moulin, célibataire et propriétaire du moulin, décède à Saffré. Le 8 février 1817,les 3/4 du moulin sont vendus par ses neveux et nièces à Barthélémy Boisseau pour 1160 francs, le dernier quart restant propriété de Julienne Moulin, une autre nièce.13

     Le 30 décembre 1831, Pierre Lecoq et son épouse acquièrent ¼ du moulin de Barthélémy Boisseau et ses enfants Julienne et Guillaume pour 625 francs.14 Pierre Lecoq semble être le meunier du moulin. Dans l'intervalle 1817-1831, Barthélémy Boisseau a dû acheter le dernier quart.

 

     Pierre Gautlier à la Bottinière achète le moulin de la Praie en deux temps, le premier en 1834 et le deuxième en 1842 :

     Le 10 mars 1834, il achète pour 3 700 francs les 3/4 du moulin et de ses dépendances à Barthélémy Boisseau, ouvrier meunier, et à ses enfants et petits enfants. 15

     Le 2 septembre 1842, il achète pour 900 francs le quart restant du moulin à Pierre Lecoq meunier et ses deux filles Louise et Marie.16

 

 

     Ce Pierre Gaultier a exercé plusieurs métiers: négociant, commissaire aux contributions directes, marchand de beurre et de viande préparée pour la mer. Il a été aussi maire de Saffré en 1842. Il a acheté la Bottinière en 1831. De son deuxième mariage naissent Désirée et Émile Gaultier.

 

                                          Extrait carte d état-major 1850
Extrait carte d état-major 1850

     Désirée Louise Gaultier née à la Bottinière se marie le 29 septembre 1859 avec Pierre Dupont, négociant. De ce mariage, au moins trois enfants : Auguste, Adrien Paul Émile et Noémie.

     Pierre Gaultier décède à Saffré le 7 août 1867. Il laisse une fortune fort estimable.17

 

     Auguste Adrien Dupont et Noémie Dupont (Nantes) héritent le 8 mai 1869 de leur aïeul le moulin et ses dépendances. Ils revendent le 31 mai 1871 pour 4000 francs, le tout à Julien Breger et son épouse Virginie Craheix.18

 

     Vente pour 3155 francs le 7 septembre 1873 à François Jean Marie Lebreton et Julienne Françoise Marie David son épouse.19

Leur fille Justine Désirée Lebreton, née au moulin de la Praie, se marie avec François Marie Bricaud le 10 décembre 1899.

 

A son décès à 59 ans, le 11 janvier 1898, les libellés des noms des propriétaires successifs utilisent conjointement les noms Lebreton et Bricaud François Lebreton et François Bricaud Lebreton. Il faut attendre 1949 pour n'avoir que le nom d'André Bricaud, petit fils de François Jean Marie Lebreton. Il cède le moulin en 1967 à Yvon Legars époux Gueheneuc.

 

     L’enquêté préfectorale de 1923 note Veuve Bricaud comme exploitante. 500 tonnes de blé ont été écrasés dans l'année avec une capacité sur 24 heures de 2 à 2,5 tonnes. Celle de 1931 indique Veuve Bricaud comme exploitante. Dans l'enquête de 1936, Bricaud François Lebreton indique qu'en 1914, le moulin était à meules et non à cylindres. Un moteur à gas-oil entre 14 et 16 chevaux est utilisé. Ce moulin a une capacité d'écrasement de 15 quintaux de blé par jour. En 1935, 470 quintaux de farine ont été livrés.M. Bricaud précise que ce moulin est dans sa famille depuis 60 ans ce qui correspond à notre information cadastrale.

 

En 1968, une démolition partielle du moulin est signalée.

 

Source Archives départementales 44 :

11: 4 E 65 139 / 12: 4 E 55 1 / 13: 4 E 57 21 / 14: 4 E 57 38 /

 

15:  4 E 57 43 / 16: 4 E 57 60 / 17: 4 E 26 95 / 18: 4 E 66 66 / 19: 4 E 66 68

 

                                                   Extrait carte IGN 2020
Extrait carte IGN 2020

 

Trois nouveaux moulins sont construits entre 1858 et 1897

 

Moulin des landes de Luc / du Rôty , 1858-1968, parcelle A 122

 

     En 1858, construction nouvelle d'un moulin à vent par François Bodin, époux Guinel, meunier et imposée en 1861. On dispose pour ce moulin de l'acte notarié passé entre François Bodin et le charpentier Dufrene le 8 novembre 1857 pour la construction de ce moulin d'ici le 1er juillet 1858. François Bodin précise que le charpentier, suite à la visite du moulin de la Butte Roussel à Moisdon construit récemment par M. Bertin, devra utiliser le même système que le dit Bertin à ceci près que les vergues de son moulin seront garnis de verrons pour recevoir les toiles à la différence de celui de Moisdon.20

     François Bodin est toujours considéré comme patron en 1906.Il rédige le 2 septembre 1907 un acte de partage anticipé en indivision entre ses cinq enfants chacun ayant 1/5 des biens. Un moulin à vent et une minoterie sont cités dans la liste des biens concernés par ce partage ainsi qu'une machine à battre. En contrepartie, il jouira entre autre de l'usufruit de sa maison d'habitation, d'une pension alimentaire de 600 francs par an.21

     Une construction nouvelle de moulin est notée en 1908.

     En 1909, son fils Donatien Bodin et son épouse Marie Barel gèrent le moulin. Il est reconnu comme meunier et chef de ménage en 1911 et 1921.

     François Bodin décède à Saffré le 2 juillet 1914 (La Brossauderie) à l'âge de 86 ans

     En 1921, le moulin est refait.

     En 1926, Rogatien Marie Bodin époux Marie Alphonsine Donatienne Tessier, fils de Donatien est reconnu comme patron du moulin avec trois domestiques dont un meunier. Dans l'enquête de 1936, il signale que c'est un moteur à gas-oil de 35 chevaux qui est utilisé ainsi que des cylindres pour la mouture.

     Le 16 septembre 1955, Rogatien Bodin et son épouse font donation à leur fils Rogatien Donatien Pierre Marie Bodin et son épouse Marie Thérèse Brehier de la minoterie des Rôtis évaluée à deux millions de francs.22

     Cet acte décrit «le groupe de bâtiments contigus, à usage de meunerie construits en pierres et parpaings, couverts en ardoise comprenant :

minoterie, ayant rez-de-chaussée surélevé de quatre étages;

minoterie plus ancienne, ayant rez-de-chaussée surélevé de deux étages;

ancien moulin à vent, ayant rez-de-chaussée surélevé de quatre étages;

                                                        bureau surélevé d'un étage; buanderie;  hangar en cours de construction;

                                                       salle du moteur électrique; poste de transformation électrique; hangar;

                                                       rues et issues autour de ces bâtiments; cour au sud avec accès à la route;

 

 

Le moulin reste dans cette famille jusqu'en 1968.

 

Source Archives départementales 44 :

20: 4 E 57 349 / 21: 2 Q 7434 / 22: 2 Q 24137

 

 

Moulin à vapeur du Pré Misère, 1881-1909, parcelle U 719

 

 

     Le même François Bodin fait construire un moulin à vapeur terminée en 1881 et imposée en 1884. Ce moulin est noté converti en maison avant 1909

                                                                   Extrait du cadastre 1811
Extrait du cadastre 1811
                                                               Carte IGN  2020
Carte IGN 2020

Minoterie du Gravier parcelle X 25 , 1897 -1911

 

     Le 7 septembre 1891, Julien Lemasson et son épouse Marie Josse acquièrent le terrain du Gravier de ses parents Julien Lemasson et Marie Leroux23 Les matrices cadastrales indiquent au Gravier, sur la parcelle X 25, un moulin à quatre ouvertures construit en 1897.

     Le 17 octobre 1903, Julien Lemasson époux Josse est victime d'un accident suite à l'explosion de la chaudière de sa machine à vapeur placée dans un hangar contigu à sa minoterie. Cette machine est utilisée pour le fonctionnement de cette dernière et pour le battage des grains. (Journal de Châteaubriant du 24 octobre 1903). Dans les recensements de population, il est noté charron forgeron comme son père en 1886 puis meunier patron en 1891,1896,1901,1906 et 1911.

     Le 20 février 1911, Julien Lemasson et son épouse vendent par adjudication leur terrain du Gravier partagé en trois lots dont le dernier concerne la minoterie, bâtiment à un étage construit en pierres et couvert d'ardoises et un hangar servant d'abri à la locomobile. Ce lot mis à prix 2 500 francs ne trouve pas preneur. Le 10 mars 1911, ce lot est acheté pour 2 300 francs par Jean Marie Goguet, facteur et son épouse Thérèse Fourny.24

     D'après les matrices cadastrales, le moulin est transformé en maison et écurie en 1912.

 

Ce moulin a une durée d'exploitation d'une quinzaine d'années de 1897 à 1911.

 

Source Archives départementales 44 :

 

 23: 4 E 66 106 / 24: 4 E 66 106

                                                     Extrait du cadastre 1811
Extrait du cadastre 1811
                                                                                 Carte IGN 2020
Carte IGN 2020

 

Évolution du nombre de moulins à vent dans la commune de Saffré

 

 

1789 : Grand Moulin, la Praie et la Mortrais 

1809 : Grand Moulin (deux), la Praie et la Mortrais 

1857: Grand Moulin (deux), la Praie et la Mortrais 

1875: Rôty, Grand Moulin (trois), la Praie et la Mortrais

1900: Grand Moulin (trois), la Praie, Rôty, Pré Misère et Gravier

entre 1950 et 1960: Rôty et la Praie

 

 

 

     Le diagramme ci-dessous présente la chronologie des moulins en activité, les dates de début et de fin étant arrondies pour simplifier la présentation. La durée d'activité de chaque moulin est précisée dans son étiquette.